Terminologie philosophique de Sartre

Terminologie philosophique de Sartre

1. Absurde : Pour Sartre l'absurdité est un état qui est misérable, mais c'est aussi une chance. C'est un point de départ, c'est quelque chose qui devrait être dépassé par la volonté de l'individu, par attribution d'un but à une existence. Dans l'Être et le Néant il précise : « Un tel choix est absurde comme étant par-delà toutes les raisons. »

2. Autrui : Les autres. Pour Sartre, autrui est simplement quelqu'un d'autre que moi.

3. Authenticité : L'homme est conscient que sa vie aboutit à la fin, que tout est vécu seulement une fois. C'est l'authenticité de l'existence. « Une reprise de l'être pourri par lui-même que nous nommerons authenticité. »

4. Choix : Le choix est une décision dont l'individu qui l'effectue est tout à fait conscient et dont il assume la responsabilité. « Choix et conscience sont une seule et même chose. »

5. S'engager : Cette notion est liée à la liberté et la responsabilité. Sans que les gens le veuillent, ils sont jetés dans ce monde et poussés à se décider, à s'engager dans les situations plus ou moins volontairement. La décision de ne rien faire est un engagement dans la neutralité et abstention. « Un homme n'existe pas à la manière de l'arbre ou du caillou [...]. Il est engagé, il faut parier, l'abstention est un choix. »

6. Essence : L'essence est la naturalité, elle ne peut pas changer. L'essence est indépendante des particularités comme la couleur des cheveux, la taille. C'est ce qui est, ne ressent pas une responsabilité ou une obligation. L'essence n'est pas touchable par une raison, elle est seulement touchable par une pensée capable de s'en libérer. « L'essence, c'est ce qui a été [...]. L'essence, c'est tout ce que la réalité humaine saisit d'elle-même comme ayant été.

7. Existence : L'existence est d'être né, d'être présent dans ce monde sous forme d'un homme. L'existence de l'homme est éphémère, instable, en déséquilibre perpétuelle. « [...] par définition, l'existence n'est pas la nécessité. Exister, c'est être là, simplement : les existants apparaissent, se laissent rencontrer, mais on ne peut jamais les déduire. »

8. « L'existence précède l'essence. » : L'homme est d'abord né, donc il commence à exister. Mais son essence ne se définit qu'au cours de la vie. L'essence n'est achevée plus tôt qu'après la mort. L'homme est tel qu'il se fait, comment il se définit et comment il se crée par ses actes, actions et choix. C'est pourquoi notre essence n'est pas déterminée d'avance. La conséquence repose sur la responsabilité de l'homme.

9. Existentialisme : Sartre décrit un existentialisme athée où le Dieu n'existe pas, donc la seule forme d'existence où l'existence précède l'essence est l'homme. L'homme est au centre de la préoccupation de l'existentialisme. L'homme et sa liberté des choix et actions. C'est pourquoi l'existentialisme est un humanisme.

10. Mauvaise foi : C'est un mensonge que fait l'homme à lui-même. La mauvaise foi est un état de la conscience où l'homme se fait croire quelque chose. La mauvaise foi peut affirmer l'unité de nos convictions et opinions. L'homme ne veut pas parfois réaliser qu'il se trompe lui-même. Dans l'Être et le Néant Sartre décrit une situation où une femme, qui vient au rendez-vous, est dans une situation ambiguë. Quand l'homme prend sa main, elle veut être désirable, mais pas considéré comme une « fille facile » ; elle se trouve incapable de conduire sa liberté. « la jeune femme abandonne sa main, mais ne s'aperçoit pas qu'elle l'abandonne. » Comme si sa main n'était pas tout à fait la sienne, comme si elle réagirait ni pour ni contre son gré ; on dit que cette femme est de mauvaise fois.

11. Humanisme : L'homme de sa condition est toujours hors de lui-même, il se perd et il cherche qui il doit être, où est son chemin, comment se définir, comment prendre les décisions. L'homme imagine et projette son existence. Non seulement pour lui-même, mais également pour les gens en général, avec son propre choix il crée et élit les autres hommes.

12. Intentionnalité : Par l'intentionnalité Sartre ne comprend pas une volonté délibérée, il comprend plutôt la volonté, le sentiment de nécessité de comprendre d'autre chose que soi, en-dehors de sa propre conscience. Notion adoptée de Husserl.

13. Langage : Ainsi que pour Hegel, la langue désigne pour Sartre les réalités, par la langue nous entendons les phénomènes. Le langage est un instrument qui fait transporter vers la chose. « Par langage nous entendons tous les phénomènes d'expression et non pas la parole articulée qui est un mode dérivé et secondaire. »

14. Liberté : La liberté n'est pas toujours positive. Elle peut être bonne ou non. Elle laisse le choix, plusieurs possibilités dans la vie, mais elle ne laisse pas indifférents. De toute façon elle nous pousse à se décider, à se définir qui n'est pas toujours une chose agréable. En plus, la liberté nous montre aussi que les situations diverses désespérées ne nous offrent aucune solution acceptable et s'il en a, elle souvent dépasse les possibilités de l'homme.

15. Néant : Le Néant n'est pas une notion négative chez Sartre. Le Néant est une saisie inévitable, liée à la mort et à notre liberté infinie.

16. Responsabilité : l'homme est responsable de comment il se définit, il est responsable de ses actes et décisions. Même s'il ne se décide pas et ne fait rien, il est responsable de la décision de ne rien faire. « L'homme, étant condamné à être libre, porte le poids du monde tout entier sur ses épaules : il est responsable du monde et de lui-même en tant que manière d'être. »

17. Esprit de sérieux : le comportement de l'individu qui délibérément bannit l'angoisse qui est ancrée en l'homme. C'est un homme qui est matériellement fondé.

18. Situation (L'homme en situation) : L'homme est jeté dans le monde et dans la situation qu'on doit vivre. La maîtrise de cette situation dépend de nos buts et notre liberté.

19. En-soi : La liberté pour les choses n'existe pas, le papier sur la table ne peut pas se décider de se déplacer ailleurs par lui-même. Pour les le schéma de « l'existence précède l'essence » est inversé. Ils n'ont pas la possibilité de se définir, pour eux l'essence précède l'existence.

20. Le pour-soi : La liberté des hommes est quelque chose qui est profondément enraciné en nous, la possibilité de choisir, de se créer. L'homme est d'abord rien. Au cours de sa vie il détermine son essence.

21. Le pour-autrui : Chacun de nous a de multiples rôles qu'il faut jouer dans la vie. Il se peut que pour chaque public on peut avoir un rôle tout à fait différent. Dans l'Être et le Néant, «à quoi joue-t-il ? » le garçon dans le café ? Les autres entendent de sa part qu'il soit conforme avec son rôle de garçon de café. Quand il vient à la maison, il joue un rôle de mari, de père. Si autrui n'est pas là, l'homme n'est pourtant pas lui-même pour Sartre, puisque dans un certain sens, autrui est toujours là ; nos actes et rôles sont déterminés et nous portons le public en nous-mêmes. Nous sommes nous-mêmes autrui, notre conscience est autrui. La preuve est qu'il nous arrive de temps à autre d'avoir honte devant soi-même. Le regard des autres est tellement enraciné qu'il fait déjà partie de notre conscience. La seule façon de devenir nous-mêmes est de se méfier des autres et de notre regard sur eux.

22. Contingence : Il n'y a a priori aucune raison d'exister pour la nature. L'homme, l'arbre, le chien n'ont pas choisi d'être, ils n'ont pas décidé d'exister sous cette forme d'être. Tout est un œuvre de hasard. Roquentin observe dans la Nausée un marronnier qui fait semblant de révéler la contingence de l'existence. Sartre décrit contingence comme cela : « L'essentiel, c'est la contingence. Je veux dire que par définition, l'existence n'est pas à nécessité. Exister, c'est être là, simplement ; les existants apparaissent, se laissent rencontrer, mais on ne peut jamais les déduire... »

23. Angoisse : Pour Sartre c'est le point de départ pour les gens qui commencent à réfléchir leur existence. L'homme ne sait pas si demain il tombe malade, s'il meurt. Pourtant, il ressent une responsabilité nécessaire à sa vie. Dans Le Mur, Sartre souligne une situation paradoxale de l'existence humaine. La contingence est gratuite, elle nous jette dans ce monde, mais ensuite, l'homme est soudain l'auteur. Au début de ses actes demeure l'angoisse.

24. L'action collective : Grande valeur pour Sartre que celle d'agir ensemble. Il est préoccupé par une grande question : Comment agir ensemble sans se rejoindre à un groupe ? C'est ce que Sartre traite dans sa Critique de la Raison dialectique. Pour lui la révolte de Camus est seulement une posture morale. Sartre voit aussi le danger dans la révolution communiste qui risque de devenir totalitaire.